"Artistes en Dordogne Périgord" est une sélection d'artistes vivant et travaillant en Dordogne ou en Périgord. [Contenu non exhaustif]
Aujourd’hui, je me suis rapproché de ce qui m’a constitué peintre à l’origine, c’est à dire le plaisir tout simple de faire en peinture un état des lieux en noir et blanc de notre époque, un photojournalisme qui m’est propre mais sans rapport avec l’actualité, comme suspendu dans le temps. La leçon des peintres qui m’ont précédés à été profitable et l’importance du métier de peintre en essayant de renouer par là avec la vieille tradition des artisans, un peu alchimistes un peu visionnaires.
La prépondérance du faire, chez l’artiste peintre est quelque chose qui s’était un peu perdu aussi car toute peinture n’est pas forcement de l’art . Entre artistes on sait ce qui est du registre de la peinture ou de la décoration. C’est de l’ordre, du métier, de l’intelligence de la main et de l’oeil, de la mémoire aussi ; c’est parce que la peinture à, tout au long de son existence, produit de très belles oeuvres, que nous pouvons aujourd’hui apercevoir sa specificité unique . On ne s’accapare pas la beauté d’une oeuvre parce qu’on la désire mais on la trouve en travaillant , dans les vapeurs de terebenthine et le refuge que représente l’atelier . Je crois que la beauté qui deumeure intacte au dela du temps est celle qui porte un parfum savant d’inachevé et une goutte d’infini.
L’attitude qui est prise face à la création est un certain retrait du peintre voire de l’auteur à un moment donné du processus, pour atteindre une certaine neutralité, objectivité. Dépasser le particulier pour aspirer au général, c’est ce que je tente d’appliquer sur l’ensemble de mes toiles mais toujours selon mes modalités propres.
J’espère ne pas faire fausse route quant à mon travail, mais il me semble que le choix du photojournalisme sans lieu ni date est ce qui me correspond le mieux car il évacue néanmoins toute actualité et ainsi tout aspect anecdotique, afin de proposer aux gens de rejoindre avec quelques déplacements le traité d’inexistence cher à Simone Weil, la philosophe , de même que son aspiration à une Réalité objective.
Ces déplacements et nuances qui motivent mon projet, en ce que cela me permet de questionner des concepts phares de la création artistique, qui me semble plus productif pour l’analyse même et la compréhension d’une part non négligeable de l’histoire de l’art, est celle des batisseurs de cathédrales, du maitre d’Avignon, auteur de la piéta en ‘Avignon, des maitres drapiers flamands et hollandais qui étaient aussi peintres au XVème siecle, des sculpteurs africains et mélanesiens qui constituent le fond du musee des arts premiers de Paris, etc., tous anonymes mais néanmoins pourvus d’une sensibilité artistique et d’un savoir faire qui n’a pas son égal au jour d’aujourd’hui.
Mon but n’est pas de théoriser ma démarche artistique, car elle se viderait de son substrat mais de questionner à propos de ce que je considère comme étant une imposture qu’a l’appareil médiatico-publicitaire de narcissiser la personne du peintre à outrance et le discours logomachique qui l’accompagne inévitablement, et de laisser place à l’homme qui peint dans le silence de son atelier et dont les revendications ne se diluent pas dans les préocupations quotidiennes d’une société devenue toujours plus individualiste, mais présente dans l’Esprit .
Avec pour seule armes, la puissance de notre créativité et notre conscience critique, nous, artistes, continuons d’affirmer l’existence d’un art contemporain chargé de sens mais aussi de revendiquer une démarche humaniste, à l’écoute du monde et de ses humiliations.
Et puisque le cri est encore de circonstance, nous esperons pouvoir crier pour de longues années encore : Regarde ce que je te dis ! merci à vous.
Email : tsellem24@yahoo.fr
Collectif artistique SGDM : http://collectif.artistique.sgdm.over-blog.org